Vos commentaires sur
La Porte aux crocodiles
Lettre de Jean-Michel ROGER, de Madagascar, le 23 octobre 2023
"J'ai lu la 1ère partie du livre de Jean Delaude, c'est bouleversant. J'ai partagé ma lecture avec [des] personnes de mon entourage : pour l'une d'elles, c'est l'intelligence qui l'a fait tenir ces 350 jours de déportation. Je suis plus sceptique, il y a une grande part de chance, hasard ou volonté supérieure. Toujours est-il que cet homme a enduré et vu l'impensable,
une grande force intérieure a dû l'habiter".
Note concernant l'ouvrage (lu en version papier) = 5/5
Avis sur la librairie en ligne Books on Demand, par Carole GABORIT
publié le 23/03/2023
Livre qui surprend par le ton donné et surtout la langue du protagoniste.
Très facile à lire, passées les 1eres pages, et j’avoue ne pas avoir eu
envie de lire la seconde partie car la 1ère ‘dans son jus’ m’a suffit.
De l’humour pour décrire des situations dramatiques , ce qui me fait beaucoup penser au film “La Vie est Belle”.
Je recommande.
Chronique sur Mediachœur, le 07 nov. 2022, par Jeff RAMET
Un écrit cathartique
"On était prêt à tout pour la gloire, Fatalitas, comme aurait dit Chéri-Bibi,
voilà que la scoumoune nous file Quille-en-buis en cabane. Un rouage essentiel de l'organisation. On voulait lui emprunter son pilon. Attention, pas à la gratuite, en l'intéressant aux affaires, en lui ristournant même des parts dans le capital,
mais, comme c'est barré là, il y a du maigrichon dans l'espoir". (p.27)
La porte aux crocodiles, paru aux éditions Myosotis, est un recueil autobiographique de Jean Delaude (1920-1998) qui paraît à titre posthume et qui évoque sa jeunesse de titi parisien (une version argotique et une version traditionnelle sont proposées), son adolescence artistique et son activisme de résistant jusqu'à sa déportation à Birkenau et ses péripéties de prisonnier (gracié un temps, en fuite à deux reprises...) jusqu'à sa libération en 1945.
Sa vie de jeune homme riche et épique, de l'insouciance (façon 400 coups de Truffaut) à la barbarie nazie en passant par l'effervescence culturelle parisienne d'avant-guerre (Piaf, Prévert, Henri Crolla...) est aussi le manifeste d'une vie pleinement vécue (plutôt que la survie) et assumée car il endossera également après-guerre les costumes de mari, philosophe, magicien et enseignant spirituel (il fréquenta Gurdjieff en personne) puis auteur en étant libre intérieurement.
Le livre vaut pour le style enjoué et la gouaille a la fois drôle et légère, malgré les épreuves. C'est aussi un témoignage des camps de premier choix et donc un rappel de l'horreur de toute guerre.
Jean Delaude transmet dans ces mémoires, une force de vie même si parfois la pensée morbide le taraude et, s'il ne semble pas croyant, il reconnaît être béni dans son cheminement : le numineux et la grâce l'étreignent un temps et chaque jour de sa vie deviendra dès lors bonus.
Après enquête (des entretiens et analyses complètent l'ouvrage), des témoignages font état de sa positivité dans les camps (il faisait des tours de magie) et il sut pardonner aux allemands ou collabos (l'un d'eux usurpa un temps son identité) enrôlés à leur insu dans un conflit barbare de masse.
La porte aux crocodiles est enfin en soi un exercice d'effort de remémoration (cher à Gurdjieff) avec force détails, jouant sur les temps (le passé qui est présent par exemple) et les centres de rappel (intellectuel, émotionnel, moteur), avec une enfance sublimée par la joie ou l'effroi finalement transfiguré par une plume aguerrie.
"Mais raconter, c'est se souvenir, et se souvenir est une manière de revivre.
Nous n'y tenons pas particulièrement." (p.279)
Avis sur la librairie en ligne Books on Demand, par Marie NITTIS
publié le 27/10/2022 (livre noté 4 *)
L’époque du livre n'est pas la mienne, le langage, les façons non plus.
Mais ça ne fait rien : on est pris par l’histoire et la façon que l’écrivain
a de décrire les choses. Pour l’argot, quand on ne connaît pas, on devine.
Les expressions qu’ils avaient ... mdr ! J’ai bien, bien aimé ce livre,
étonnant à tous points de vue.
Avis sur la librairie en ligne Books on Demand, l'avis de Nicole Darque,
publié le 01/10/2022 (livre noté 5 *)
J'avoue ne pas avoir commencé le livre par la version argotique... mais j'y reviendrai.
L'auteur raconte sa jeunesse, la guerre, les camps tels qu'il les a vecus et a rédigé avec beaucoup de clairvoyance la phrase suivante au sujet des prisonniers des camps :
" Ce n'est pas leur mémoire qu'il faut honorer il faut graver leurs tourments dans le souvenir des autres pour que ça ne recommence pas ".
Dans son récit, il se joue volontiers du côté dramatique de cette période de sa vie en la racontant avec des mots et des expressions parfois cocasses.
J'ai apprécié ce témoignage fort et la manière peu commune de sa rédaction.
Avis sur la librairie en ligne Books on Demand, l'avis de André Dalavalle,
publié le 16/09/2022 (livre noté 2 *)
Extraordinaire récit, passionnant , de la déportation à la libération.
Ce récit en deux versions, une traditionnelle, et une en argot, dans le langage que parlaient les prisonniers et déportés, est fascinant.
La version argotique est magnifique. Et l'humour, l'ironie de l'auteur, est savoureux. A lire absolument!
Lu sur Facebook, l'avis de Julia Valat-Bodin, le 05/09/2022
j'avais évoqué ici ma visite au Musée de la magie sur les traces de Jean Delaude. C'était en 2020...
Jean Delaude, prestidigitateur et aussi ventriloque, pianiste, est le nom de scène de Jean Grandelaude résistant déporté à Auschwitz dans le même convoi que Robert Desnos, "le convoi des tatoués".
Jean Delaude a écrit un roman étonnant. Il y raconte avec une verve sans pareille son enfance à Saint-Ouen (pages savoureuses) et l'enfer des camps.
Les éditions Myosotis ont eu la bonne idée de publier ce roman qui dormait dans un tiroir ami.
Et la bonne idée de publier les deux versions, la 1e très argotique (mais un argot vivant, pas plaqué, pas "j'ai le nez collé sur mon dictionnaire") et la 2e quelque peu édulcorée et "traduite" en français plus châtié, accompagnées de souvenirs d'amis qui l'ont connu et de ma notice biographique basée uniquement sur des documents d'archives.
Ce livre est comme un miroir brisé qu'on aurait recollé sans en avoir tous les morceaux... Mes recherches continuent !
Ombre et lumière, le prestidigitateur reconnu par ses pairs comme un très grand (il n'a pas couru les plateaux télé, a travaillé dans les cabarets) ne se dévoile pas facilement.
Illusion de la vérité. Le livre, sans le dire, pose la question de la mémoire. Confrontation du récit oral à la réalité brutale de certaines archives.
Et puis ce témoignage des camps et de la mort omniprésente.
Évacuation de Birkenau devant l'avancée de l'Armée rouge, en rang par cinq pour une "marche de la mort" : "On prend la route. J'en suis sûr; ce n'est pas vers la vie qu'elle nous mène. On sort de l'Enfer, et de l'Enfer, on en revient
pas."
La camarde attend son heure "c'est une obsédée de l'épousaille. (...) Il paraît qu'en cadeau de rupture, elle nous file la vie éternelle. Moi, je reste méfiant. Les tambours de la propagande sont souvent tendus de peau d'arnaque".
Malgré une 2e version moins argotique, les éditeurs des années 90 n'ont pas été intéressés.
Un texte à découvrir.
Avis sur la librairie en ligne de Books on Demand, par Marianne Prudhomme,
publié le 02/09/2022 (livre noté 5 *)
Unique ! Passionnant !
Je n'ai jamais rien lu de pareil. Tout y est : l'histoire, la vraie, et puis la façon de la présenter, d'en rire, de nous faire rire de choses drôles ou pas drôles du tout.
Si vous ne connaissez rien de rien à l'argot, c'est pas grave (personne n'est parfait), vous le comprendrez mieux la page d'après. C'est comme tout, il faut s'y faire un peu. Et pour le reste, dégustez tranquillement cette philosophie, cette simplicité et cette poésie d'un homme qui en a vu, revu et re-revu. C'est du lourd, du grandiose.