actualité du livre et de la chose imprimée
animé par Nicolas Prudhomme
Post du 5 juin 2025
Les bénéfices dans le monde de l'édition :
— 36 % la plus grande part revient au "détaillant" (librairie, grande surface, plateforme internet…)
— 16 % pour le fabricant (imprimeur, façonnier)
— 14 % pour l'éditeur
— 11 % à parts égales pour les distributeurs et les auteurs
— 6,5 % pour le diffuseur
— 5,5 % pour l'État via la collecte de la TVA (taux réduit, qui consacre – c'est important – le statut du livre comme produit de "première nécessité" en France)
Il y a bien sûr lieu de relativiser ces chiffres pour les auteurs : un écrivain connu obtiendra évidemment bien plus (en particulier pour des "avances").
Certaines structures (souvent indépendantes) conjuguent diffusion et distribution.
On doit aussi différencier les ventes des éditeurs envers leurs revendeurs :
— vente avec possibilité de "retour" en cas d'invendus
— vente "ferme" (souvent pour des ouvrages spéciaux)
— vente "en dépôt" (sans facturation immédiate, ce qui allège la trésorerie des libraires)
source Syndicat national de l'édition
Post du 27 mai 2025
Un livre de 2007, si utile…
Je veux bien sûr rappeler ici le Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?, de Pierre Bayard (aux Éditions de Minuit).
Comment donc discourir en toute tranquillité – et avec un air savant, cela va de soi – sur un ouvrage qu'on est censé avoir lu ?
L'auteur va déjà définir plusieurs catégories : LI (livre inconnu), LP (parcouru), LE (évoqué), LO (oublié).
Journalistes ou enseignants sont souvent appelés à commenter des ouvrages… mais il s'agira ici d'une «expérience de non-lecteur», avec mensonges en perspective. Y compris mensonge à soi-même puisqu'on est supposé être cultivé. Quant à donner son opinion à l'auteur du bouquin lui-même, ce sera de la haute voltige !
Pierre Bayard installe l'idée d'une «vue d'ensemble» qui permettra de situer les œuvres sans forcément les avoir lues : «… ce qui compte dans chaque livre étant les livres d'à côté.»
Lors de cette parution, Bernard Pivot avait écrit un bel article où il rappelait cette curieuse «obligation mondaine d'avoir lu les livres “qu'il faut avoir lus”». Faire intello, quoi. Tout réside dans l'habileté de l'orateur qui n'hésitera pas en public ! saura se sortir de situations délicates sans avoir honte, imposera son avis… Car la lecture est le lieu idéal pour l'incertitude, tant les repères entre vrai et faux disparaissent vite.
À propos de ce bouquin qui remplace tous les autres, Pivot concluait : «Que de temps j'ai perdu… à lire !»
Et n'oublions pas cette merveilleuse citation d'Oscar Wilde, en guise d'introduction :
Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer.
Post du 21 mai 2025
Un livre en anglais qui mérite son succès
Et un titre qui joue sur les mots avec Supreme Court (Cour Suprême, juridiction la plus élevée aux USA) complété par le suffixe -ship qui transforme ici le tribunal en Courtship (c'est-à-dire "fréquentation"). Le terme, qui rappelle "faire la cour", est moins explicite que relation amoureuse mais un nécessaire préalable à du… "bonking" plus physique.
La télévision avec ses stars cohabitant avec le monde judiciaire ? … Quite a mix, let me tell you!!!!
Très très documenté et intrigant : comment siéger en tant que nouveau Juge et ne pas déplaire aux autres… car il s'agit d'un groupe ultra-puissant de 9 magistrats et les joutes sont nombreuses. Un rappel de l'importance politique capitale de ces personnages… puisque ce roman très drôle date de 2008 et il prend une saveur intéressante avec les nominations par Donald Trump.
A lovely read.
Aux éditions TWELVE (groupe Hachette)

Post du 20 mai 2025
Dépoussiérer le livre ?
Sûrement utile au sens propre (et de propreté) mais pas forcément nécessaire au sens figuré, car la poussière est l'essence-même du livre. Se replonger en arrière, éviter d'oublier, ramener des faits historiques en lumière…
Le livre perdu au fin fond d'un grenier fera le bonheur de celui ou celle avide de découverte de mondes disparus ; tout comme un enfant sera étonné devant un album de famille de photos anciennes.
En attendant, on entend souvent parler de "l'élitisme du livre" comme s'il s'agissait d'un gros mot. C'est triste. Le lecteur paraît être une espèce en voie de disparition si on en croit les seules statistiques : 3h15 sur un écran par jour versus 3h30 sur un livre… par semaine.
Alors… la messe est dite ?
Sauf que les auto-éditions n'ont jamais été aussi nombreuses ! Et si la qualité n'est pas toujours excellente, cela tend à prouver que le besoin de lecture est bien là. On cherche précisément à échapper à la dictature de nos satanés écrans, purement "utilitaires" alors que le livre est un espace d'évasion.
Mais… peut-on écrire des chefs-d'œuvre dans une chambre mal époussetée ?
L'auteure Marianne Alphant en parle dans L'Atelier des poussières (éditions P.O.L.) suivre ce lien direct
Post du 19 mai 2025
On ne connaît pas toujours le "vrai" propriétaire d'une maison d'édition.
Ainsi, le magazine "Le 1" a eu l'excellente idée de publier ce graphique pour illustrer la complexité du sujet (en collaboration avec Agone, Le Vent se lève, Le Monde diplomatique). On y voit en même temps la grande diversité des éditeurs et… leur extrême concentration en des mains identiques.
Une "variété" en trompe-l'œil, car de tels groupes ultra-puissants ne garantissent pas forcément le pluralisme. Mais c'est déjà pas mal qu'ils puissent exister…
En cliquant sur l'image à gauche vous obtiendrez le fichier en grand (© Agone, Le Vent se lève)
liens directs : https://le1hebdo.fr/ (anciens numéros sur les médias)
et pour le poster
Post du 13 mai 2025
45,000 livres ne seront jamais présentés sur les rayonnages de librairies alors qu'environ 15,000 trusteront les linéaires et présentoirs publicitaires.
Les gros éditeurs ne misent que sur les "locomotives". Le reste de la production atterrit sur leur bureaux et ils veulent bien lire quelques pages (avec juste à côté la pile de lettres toute faite "Bien que de qualité, votre livre, hélas, ne correspond pas… bla bla…)
Souvent, le nouvel auteur touchera entre 0 et 2 euros par livre vendu. Si on atteint par exemple un seuil minimal de 500 exemplaires… L'éditeur, dans ce cas, aura pris les risques financiers et assumé les coûts, ce qui explique la très faible rémunération de l'auteur.
Dans d'autres cas, l'éditeur fera supporter une partie des dépenses à l'auteur – on parle alors d'un Contrat d'édition à "compte d'auteur" et cette contribution peut être lourde en termes de finances : acheter pas mal d'exemplaires, participer à des actions publicitaires…
Venons-en au problème de la réussite : si une pile de livre ne se vend pas rapidement sur un étal de type FNAC, au bout de 3 semaines on demandera souvent à l'éditeur de tout récupérer (à ses frais)… et ça partira au pilon s'il n'a pas les possibilités de stockage suffisantes.
Car le mètre-carré en librairie coûte cher ! Parfois, un auteur conciliant proposera au libraire 4 ou 5 exemplaires "en simple dépôt". Quitte à être payé quelques mois plus tard et avec le risque que certains exemplaires soient abîmés…
« Quatre ou cinq ? Oh, c'est beaucoup trop !! ça va me prendre de la place… Un seul, ou deux à la rigueur… ça suffira bien. »
Certains prennent l'excuse de l'écologie et prétendent que le pilonnage permettra de recycler (environ 90 millions d'ouvrages invendus par an) mais oublient de dire qu'avant cette triste opération de broyage on ajoute parfois de l'encre… par souci écologique ??
Bon, j'arrête là le tableau apocalyptique de l'auteur-débutant. Gardez le moral… et à vos stylos ou claviers !!
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Heureusement, l'idée se développe de jour en jour : des boîtes à livres sont installées un peu partout afin de favoriser les échanges, avec par exemple les initiatives du Rotary
lien direct : https://www.rotarymag.org/34-clubs/3542-la-lecture-a-portee-de-main.html
Post du 12 mai 2025
Mais que fait donc Dolly Parton ici ?
Dans l'excellent documentaire (proposé par Arte, en replay) consacré à l'icône de la Country Music on apprend que la chanteuse aux coiffures peroxydées resta fidèle à ses origines modestes.
Fille dans une famille de 12, habitant à la dure une maison sans eau courante ni électricité du Tennessee, elle devint une star à force d'efforts. … puis, usant de sa notoriété internationale, elle œuvra en faveur du Livre. Par son intermédiaire elle transmit le goût de la lecture aux enfants les plus pauvres de sa région. En trente ans, cela se transforma en une gigantesque opération, offrant plus de 80 millions d'ouvrages aux gamins !!
Chapeau bas pour celle qui avait compris très tôt – car son propre père ne savait pas lire – combien la lecture vous permet de grandir. Son entreprise caritative démarra en 1995 et couvre à présent 5 pays.
Pour cette femme excentrique – mais à la tête bien faite ! – le Livre représente un chemin privilégié vers l'imaginaire, la connaissance et le pouvoir – de comprendre.
Afin que les enfants puissent réaliser leurs rêves les plus fous. Comme elle. Et qu'ils ou elles n'aient plus honte de leur Coat of Many Colors.
Voici le lien direct vers sa – belle et utile ! – fondation :
http://dollypartonsimaginationlibrary.com/
Post du 7 mai 2025
Les catalogues papier ?
Il ne s'agit pas à proprement parler de livres mais les prospectus publicitaires font partie de la matière imprimée.
Et ces derniers impriment dans l'esprit des clients !!
Résumé ci-après d'un article du site internet Graphiline.com
Ainsi, en 2023, Lidl avait cru bon de supprimer ses catalogues papier et basculer vers le digital en Allemagne. Mais les clients se sont fait plus rares et la baisse des ventes va jusqu'à 7% dans les régions concernées. L'étude menée en 2024 sur environ 2800 foyers est claire : presque 78% des clients lisent les prospectus papier… et cela suscite bien souvent un acte d'achat.
Le catalogue publicitaire – s'il n'est pas de la grande littérature… – reste ainsi un moyen de vente très efficace. Le texte imprimé a une persistance évidente, ne serait-ce que physiquement sur la table de la cuisine, alors que l'email promotionnel va, lui, disparaître noyé dans les tréfonds de l'ordinateur ou du téléphone portable…
Garder les promotions en cours sous l'œil du consommateur. … Aux Pays-Bas, plus de la moitié des utilisateurs déclarent qu'ils regretteraient la disparition totale des prospectus. Cela montre bien les limites de la "dématérialisation" tant vantée vers le tout-numérique.
Perte de fidélisation ? Le papier a encore de beaux jours devant lui !
Lien vers l'article complet
Post du 29 avril 2025
C'était en 1534, en Angleterre.
Le roi Henry VIII – révolutionnaire à bien des égards, qu'il s'agisse du schisme pour créer l'Église anglicane en rompant avec Rome ou bien de ses six mariages – fonde la toute première maison d'édition encore en activité à ce jour : il s'agit de la prestigieuse Cambridge University Press (souvent raccourcie avec son acronyme CUP).
Lien direct : https://www.cambridge.org/fr/universitypress
Ce monument a publié plus de 500,000 titres d'auteurs appartenant à plus de 100 pays. Parmi eux on trouve Isaac Newton et Stephen Hawking et plus de 170 lauréats du Prix Nobel furent aussi édités par la Cambridge University Press depuis 1895. Il y eut également Ernest Hemingway et Samuel Beckett pour le Nobel de littérature, mais la plus grande part des publications fut réservée aux travaux scientifiques et, à partir de 1970, aux travaux économiques.
L'un des "ratés" de CUP fut le refus de publier, vers 1850, l'ouvrage qui devait devenir plus tard le célébrissime Oxford English Dictionary (le fameux OED, connu de tous les étudiants anglo-saxons)… accepté / publié par l'université rivale de toujours – Oxford.
Post du 24 avril 2025
Une étude du Centre national du Livre nous renseigne sur les habitudes du public jeune :
Face à l'affirmation classique "Les jeunes ne lisent pas…", les résultats de cette étude récente sont intéressants :
Extraits du site internet du CNL :
https://centrenationaldulivre.fr/actualites
Encourager une approche décomplexée de la lecture
À l’heure où la lecture a été déclarée « grande cause nationale », et après deux études consacrées aux jeunes en 2016 et2018, le CNL souhaite à nouveau contribuer à une meilleure connaissance d’un public essentiel pour le secteur du livre, en interrogeant les jeunes âgés de 7 à 25 ans.
Principales conclusions
- Les jeunes sont encore nombreux à lire
- Lorsqu’ils lisent par goût personnel dans le cadre de leurs loisirs, ils privilégient la BD et le roman.
- Le résumé, la couverture, le héros sont leurs premiers critères de choix de livre tout comme les conseils, en particulier ceux de leur famille (notamment de leur mère).
- Ils lisent avant tout pour le plaisir.
Ces chiffres plutôt positifs ne doivent pas masquer certaines difficultés
- 16% des jeunes n’aiment pas lire ou détestent lire.
- Le décrochage de la lecture à l’adolescence est toujours bien présent et réel
- Le temps consacré à la lecture « loisirs » est bien inférieur à celui passé sur écran.
- D’ailleurs, si certains jeunes déclarent avoir lu davantage pendant les confinements, ce contexte a profité davantage aux écrans.
- Les écrans sont omniprésents dans leur vie, y compris pendant les temps de lecture,
- Mais cette appétence pour les écrans développe de plus en plus de nouvelles pratiques chez les jeunes
Il y a des raisons d’espérer, car les jeunes apprécient que livre et lecture viennent à eux.
Il faut donc aller les chercher sur leur terrain, pour leur permettre de lire comme ils veulent quand ils veulent, et d’avoir une attitude décomplexée par rapport à la lecture
- Les outils de promotion de la lecture ont une visibilité et un certain impact
- Ils plébiscitent l’expérience de la lecture à voix haute par leur parents, dont ils gardent un souvenir très positif
- L’envie de lire peut-être déclenchée par un film ou une série
- Si Internet est encore minoritaire, il devient un véritable critère d’influence.
- Finalement, les jeunes aiment lire !
- Lien direct
https://centrenationaldulivre.fr/actualites/resultats-de-l-etude-les-jeunes-francais-et-la-lecture
Post du 17 avril 2025
Au Salon, on m'a souvent posé la question : Pourquoi Carla Pietri n'est-elle pas présentée sur votre site ?
L'auteure est enseignante dans le Sud de la France et, en raison de son poste, elle préfère écrire sous pseudonyme. En tant que fonctionnaire, il lui semble que son "devoir de réserve" s'applique : ses goûts personnels vis-à-vis du monde LGBT ne doivent pas interférer avec son enseignement – qui doit, lui, rester neutre. Il ne peut être question pour une professeure de favoriser ou promouvoir des orientations lorsqu'on est en charge d'adolescent-e-s. Les différences existent et doivent être respectées mais rien n'est à imposer – si ce n'est l'ouverture d'esprit.
Contrairement à la romance dite "à l'eau de rose", les romans de Mme Pietri reflètent souvent des situations loin d'être idylliques. La vraie vie, quoi…
Post du 14 avril 2025
Les 12 et 13 avril 2025 s'est tenu à Arras le premier Salon du Livre LGBTI+. Une présentation en libre-accès à tous les publics.
Dans une ambiance "bon enfant", tous les participants ont échangé : associations partenaires, 25 auteur.e.s (auto-édité.e.s ou non), éditeurs… les visiteur.e.s furent nombreux.ses à découvrir ces publications – des histoires toujours singulières.
Myosotis-books était présent et ce fut pour beaucoup l'occasion de découvrir nos romans. Sur notre stand, on nous proposa également des manuscrits et chacun.e se prêta volontiers à la question : Quelle est chez nous votre couverture préférée ? Réponses quasi-unanimes : 1) Blessures à penser 2) Équation amoureuse à deux inconnues 3) la méprise
Une constatation (en forme de confirmation) : les visiteurs étaient en très grande majorité des femmes !! Elles lisent plus, sont plus curieuses, plus promptes à poser des questions… alors que les hommes semblent un peu moins intéressés.
Post du 7 avril 2025
Le Centre national du Livre nous incite à la lecture … … et donc à un peu oublier notre téléphone portable !!
Cela me rappelle une étude d'il y a environ 20 ans : on cherchait à évaluer les différences d'apprentissage entre les lecteurs face aux écrans d'ordinateurs et face aux plus-classiques documents sur papier. Ainsi, on donna un texte identique à deux groupes similaires (âge, niveau social, éducation…) et on mesura après lecture le taux de mémorisation : 35% pour ceux face à l'écran informatique, versus 60% pour ceux face aux documents papier.
Jamais le terme "naviguer" ne fut plus adapté : face aux écrans, on "surfe" et … on ne retient pas grand'chose.
CQFD. … … Lisez !!!!!!